Compléments d’information
sur les contours subjectifs :
Les figures de Kanizsa :
Si nous regardons la figure suivante sans fixer de point
particulier, nous aurons l’impression de voir un triangle
blanc masquant en partie trois disques et un triangle noirs.
Le triangle blanc n’apparaît parfois qu’après
plusieurs secondes, mais il semble plus blanc que le fond
blanc sur lequel il se détache! C’est un exemple
de « contour subjectif », une classe d’illusions
visuelles dont Gaetano Kanizsa, de l’Université
de Trieste, a été un pionnier.

Pourquoi un triangle illusoire apparaît-il et pourquoi
semble-t-il plus brillant que la partie qui l’entoure
? En effet, dans certaines figures, nous percevons des surfaces
qui nous paraissent plus claires ou plus sombres que leur
fond. En plus, nous voyons, autour de celles-ci des contours
nets et précis et pourtant, aucun trait n’est
tracé, aucune différence de luminance n’est
mesurable.
En 1986, Stanley Coren, de l’Université de Colombie-Britannique,
Clare Porac, de l’Université de Victoria, et
Leonard Theodor, de l’Université de York, ont
montré qu’une catégorie de processus,
dits cognitifs, expliquent ces illusions : nous voyons les
figures subjectives parce que notre cerveau cherche automatiquement
à délimiter des régions et, de ce fait,
à donner un sens à une figure a priori quelconque.
Il se pourrait également que nous considérions
l’ensemble de la figure comme un puzzle à reconstituer
en y cherchant des formes familières ou simples.
Un mécanisme cognitif puissant s’appuie sur
le relief apparent du dessin produisant l’illusion.
Dans le cas du triangle de Kanizsa, la figure subjective semble
se trouver en avant des autres figures, les cachant en partie
à notre vue. Il existe peut-être un autre mécanisme
cognitif qui joue un rôle important : lorsque nous percevons
une figure illusoire, nous l’interprétons inconsciemment
en fonction de nos expériences antérieures.
C’est en vertu de ces expériences que, si nous
avons regardé quelques temps le triangle de Kanizsa,
nous verrons facilement un triangle subjectif aux côtés
incurvés dans la figure 2 et un carré dans la
figure 3 ci-dessous.
Les illusions d’Ehrenstein :
La grille incomplète de la figure ci-dessous produit
un autre type d’illusions : les illusions d’Ehrenstein.
Si nous ne considérons aucun point particulier de cette
figure, vous verrez un cercle aux points où les lignes
se couperaient si la ligne était complète. En
plus de ces cercles nous verrons des « allées
» diagonales, également claires, qui relient
ces taches. L’illusion reste très nette, même
si nous ne regardons qu’une intersection incomplète,
mais, si nous regardons très fixement le point d’intersection
manquant, l’illusion cesse.

À quoi ces taches et ces allées sont-elles
dues ? Nous pouvons attribuer les taches à un désir
inconscient de fermer les régions du dessin en lui
superposant mentalement quelque chose qui relie les extrémités
des droites, à chaque intersection inachevée.
Nous pouvons également penser qu’elles résultent
du contraste entre les extrémités des lignes
et l’espace vide aux intersections. Enfin, il se pourrait
que nous ajoutions mentalement un relief au dessin, transformant
une figure plane en une grille dont les intersections seraient
cachées par de petites sphères ou, dans le cas
des allées, par une autre grille posée sur la
première.
Les illusions de J.Kennedy :
À la fin des années 1970, John Kennedy, de
l’Université de Toronto, a imaginé une
série d’illusions apparentées à
celles d’Ehrenstein. L’illusion est due à
une opération mentale de l’observateur, qui prolonge
inconsciemment les segments dans la région centrale
et recherche un relief. Il imagine que les lignes se coupent,
mais qu’une sphère posée sur l’intersection
cache cette dernière. Cependant, quand les segments
sont inclinés cette opération mentale est moins
fondée et l’illusion disparaît.

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